dimanche 8 mars 2015

Siège moulé, corset siège

Siège moulé, corset siège
Bernard DUJARDIN 

Le siège moulé est un appareil orthopédique (orthèse) permettant ou félicitant la position assise chez des enfants au déficit postural dû aux troubles neurologiques

L’appellation « corset» siège est impropre car cet appareil n’a pas les caractéristique d’un corset orthopédique avec appuis et contre-appuis.

Nous avons mis au point cet appareillage en 1968 pour suppléer au grand appareillage de Phelps alors couramment utilisé.

Le siège moulé permet la position assise en bon positionnement (symétrie du corps) en régulant le déficit postural et en empilement correct du bassin, tronc et de la tête ; Il agit comme aide posturale.

Nous ne reviendrons pas sur tous les avantages tant physiques que psychologiques de ce siège, ceux-ci ayant été largement traités dans la littérature.

Ce siège comprend une coque et des éléments appendiculaires :

La Coque

Le siège moulé se compose d’une coque rigide
Réalisation :
  • En matériaux thermo formable haute température, tel que polyéthylène ou polypropylène. L’épaisseur de la feuille de plastique est en général de 5 ou 6 millimètres, pour des sujets plus grands on utilisera du 8 millimètre. 
  • En fibres-résine.. La réalisation en fibre carbone-résines allège la coque et permet de réguler l’aide posturale apportée à l’enfant.

La prise des mesures : se fait à l’aide de bandes plâtrées, réalisant une coque en négatif. Cette coque permet la vérification de la bonne réalisation future. Dans certains cas il peut être utilisé tel quel après finition et décoration par la famille.

Les mesures peuvent aussi réalisées en  CFAO, en sac à dépression ou en relevant les données métriques.

Nous conseillons la prise de mesures en  position assise Cela permet de respecter au mieux la personnalité posturale du sujet. A noter que dans ce cas, la rectification du positif sera minime, voir inutile.

Chez le bébé ou dans l’impossibilité d’asseoir le sujet hypotonique pour la prise de mesures assise, le moulage peut être réalisé en procubitus bout de table ou sur un coussin triangulaire. Dans ce cas, le bassin est souvent en rétroversion et  le positif doit être rectifié, au risque de trouver l’enfant en enroulement avec cyphose dorso-lombaire.

Assise à double niveau 

Nous avons mis au point cette adaptation lors de la réalisation de la coque, ou adjonction secondaire. Elle consiste à provoquer un appui plus marqué au niveau sous fémoral. Une dénivellation sous fessière est pratiquée au niveau de l’aplomb du pubis (marquage lors de la réalisation) ce n’est pas un bloque  ischions.
Cette adaptation permet de mieux stabiliser le bassin, donc de mieux positionner tronc et tête, elle évite le sous-marinage
Lors de la prise de mesure, on vérifiera la réductibilité de la cyphose lombaire et la symétrie du tronc. On peut aussi  comparer la réduction en position assise avec la réduction des attitudes vicieuses en décubitus. On tient compte de l’épaisseur des couches.
Rectification des données : 80% des personnes ont une lordose neutre en position assise, alors bien vérifier la correction de la cyphose lombaire et éviter de chercher une lordose lombaire qui ne ferait que projeter le tronc en avant sans bien le positionner.

Avant la prise de mesures, on aura le soin de vérifier :
  • la flexion des hanches : une anomalie unilatérale de flexion entrainera une bascule du bassin en position assise avec une attitude scoliotique qui ne sera pas retrouvée en décubitus ;
  • l’abduction des hanches dont il faudra accepter la rétraction au risque de faire pivoter le bassin en cas de fausse correction ;
  • l’extension des genoux lorsque la hanche est fléchie à 90° (angle poplité) : la traction sur les muscles ischio-jambiers attirera le bassin en rétroversion.

Niveaux de découpe de la coque à l’essayage

Tout d’abord incliner fortement le siège en ayant soin de placer le bassin au fond de la coque, rectifier la partie inférieure qui sera découpée à deux travers de doigts au niveau du creux poplité. Eviter un appui dur sur les cordes des tendons des ischio-jambiers en zone poplitée, ce qui augmenterait les tensions. 
En redressant la coque on vérifiera que les parties latérales laissent un travers de doigt en sous capillaire sans relever les épaules. 
La partie postéro-supérieure de la coque englobera les omoplates.
Les niveaux latéraux de la coque pourront varier en fonction des possibilités posturales de l’enfant. 

On peut au maximum ne garder qu’une base personnalisée adaptée à l’équilibre général.

La découpe asymétrique des cotés est à déconseiller.

La cuisse doit reposer sur la totalité de l’assise, sinon vérifier la hauteur des cale-pieds ou le  niveau de rupture de la double assise.

Latéralement, la coque avancera latéralement, englobant las condyles fémoraux, cela donne une impression de bonne longueur et permet la fixation de sangles abductrices. Lors de tensions en abduction, les fémurs sont tenus confortablement en bonne position.

Lors de l’essayage : Si l’on constate un refus de l’enfant, arrêter l’essayage reprendre les essais à Zéro.  Un mauvais point d’appui peut exagérer la spasticité.
Pour casser le réflexe en extension rendent le positionnement difficile, nous concevons  le dossier très haut, nous verticalisons au maximum le tronc dans le siège avec ouverture de l’angle tronc-cuisse à 90°

Les éléments appendiculaires :

- La têtière : sera positionnée en fonction de l’inclinaison du tronc et des possibilités posturales, elle sera facilement orientale. 

Tout d’abord  le dossier de la coque devra englober les omoplates, sinon l’appui-tête deviendra un repousse tête. Ce n’est pas la tête qui doit trouver l’appui-tête mais l’inverse. La forme de cet appui tête centrera la tête dans l’axe du corps.

- l’appui nuque : sera souvent conseillé réalisé seul ou en combinaison avec l’appui tête, il permet une meilleure mobilité et un meilleur maintien de celle-ci.  
Déterminer si cet appui tête sert de repos ou en limitation anti extension de la  tête.

Ne pas oublier que la tête est posée sur  la colonne cervicale  et dorsale haute et l’on doit respecter et composer avec cet empilement.

Appuis tête et appuis nuque empêcheront la position en extension de la tête lors des repas, évitant les fausses routes alimentaires.

- les repose-pieds : seront réglables et réalisés à la demande : simple, coques, sabot, avec éventuellement des sangles de maintien. Ils seront réglables en hauteur, et au mieux réglables en extension.

- la tablette : indispensable pour éviter le poids constant des membres supérieurs entrainant la ceinture scapulaire en avant avec cyphose dorsale haute et hyperlordose cervicale.

- le plot abducteur : respectera les amplitudes en abduction.

Trop corrigé, Il devient « rond-point »  en positionnement le bassin en bassin oblique dès l’installation. Nous préférons un plot amovible mis en place après bon positionnement du bassin.
Ce plot sera inutile lors de rétraction en abduction.

On pourra préférer des sangles de genoux qui seront insérées sur la coque avancée en regard de la face externe des genoux.

Dès que le bassin a été placé correctement au fond du siège, on peut écarter les hanches en abduction.
Si une hanche est en déficit d’abduction, ne pas forcer cette amplitude au risque de faire pivoter le bassin
L’impression de cuisse plus courte provient de la rotation du bassin. La hanche du côté plus court est généralement en danger de subluxation.

Un plot positionné trop en arrière sera défavorable, car luxant, par contre il peut avancer en inter condylien. 

- plastron, sangles d’épaules : complèteront la position du tronc et ceinture scapulaire, mais ne devront pas compenser les erreurs de postures réalisées lors des mesures. Ne pas oublier que l’on doit à l’enfant le maximum de mobilité.

- sangle de bassin : difficile, voire impossible à mettre en place. L’appui sur les épines iliaques ne peut maintenir le bassin

Nous préférons la sangle fémorale horizontale à l’aplomb du pubis (niveau de rupture de l’assise double niveau), fixée verticalement sur la partie inférieure et intérieure de l’assise.
Utilisée avec l’assise double niveau ; le sous-marinage est effectif.
Ne pas oublier que chaque année des morts par étouffement sont signalées pour des enfants qui ont glissé en avant retenus par ces sangles ce bassin non adaptées.
 
- habillage de la coque :  Nous préférons les habillages internes des coques par housses en textiles, souvent les mousses thermo formables sont moins confortables que supposées.Les mousses à mémoire de forme apportent un grand confort en sous fessier.



Conseils :

- le temps de position assise sera calculé en fonction de ses possibilités fonctionnelles et posturales.
- l'inclinaison du siège décomposera les forces axiales de la colonne vertébrale et s’adaptera au déficit postural. L’appui tête devra être modifiable pour positionner la tête avec une vision horizontale. Cet angle d’inclinaison du siège sera permanent ou régulé dans le temps : inclinaison pour repos ou compensation des faiblesses  axiales de contrôle.

- transport en automobile : Le corset siège n’est pas homologué,( mais comment faire autrement !)  Les sangles non plus, seules les sangles fixées à la coque du véhicule sont autorisées.

- choix de la couleur et décors : sera au choix de l’enfant sinon frères et sœurs, ou parents, cela démystifie l’appareil orthopédique.
- lors de l’arrêt du port du siège moulé  parfois souhaité à l’adolescence : soyez vigilants, depuis l’enfance, le siège moulé est intégré  à la personne, effectuez  cette transition avec prudence.

février 2015

(Après 47 ans d’utilisation)